Le changement climatique est en train de changer le monde dans lequel nous vivons à bien des égards. Les phénomènes climatiques extrêmes qu’il engendre ont notamment un impact sur toutes les formes d’agriculture. C’est le cas entre autres de la viticulture. C’est même l’industrie du vin qui est menacée. Les lignes ci-dessous vont vous donner un aperçu des conséquences du changement climatique sur le vin et la viticulture.
La hausse des températures modifie le goût du raisin
Les différents cépages prospèrent à des températures différentes allant généralement d’une dizaine à une vingtaine de degrés Celsius. Les variétés de raisin peuvent résister aux variations de température dans différentes mesures, mais même un changement de température d’un degré Celsius peut modifier la saveur du raisin. Des températures plus élevées à cause du réchauffement climatique avancent aussi la date des vendanges. En effet, la quantité de sucre produite dans le raisin atteindra un niveau élevé avant que les tanins et les arômes naturels du fruit aient le temps de se développer pleinement.
Afin de pouvoir poursuivre la culture du raisin, certaines régions viticoles pourraient être contraintes de remplacer leurs cépages traditionnels par d’autres variétés plus résistantes à la chaleur. Par exemple, la Bourgogne pourrait être obligée de remplacer son Pinot Noir par le Grenache ou le Mourvèdre à cause du réchauffement climatique. Dans la même idée, le riesling en Alsace risque de faire place au Trebbiano.
Les cultures et les producteurs sont plus exposés aux dommages
Divers phénomènes météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents en raison du changement climatique. Les gelées soudaines ou l’humidité ainsi que les maladies des plantes dues aux fortes pluies peuvent également ruiner les cultures. Les vagues de chaleur, les incendies de forêt, les orages, les tempêtes de grêle peuvent aussi détruire les cultures en un instant. Ce qui met les producteurs de vin en difficulté.
Le manque d’eau est une menace sérieuse pour les vignobles
Actuellement, la culture de la vigne est surtout concentrée sous certaines latitudes bien définies. Celles-ci sont soumises à des saisons sèches ainsi qu’à des périodes de pénuries d’eau. Le réchauffement climatique accentue ces périodes d’aridité, et il se peut qu’il n’y ait pas assez d’eau pour irriguer les vignobles. Depuis quelques années, de nombreuses régions d’Australie et de Californie sont devenues encore plus chaudes à cause du changement climatique et souffrent par intermittence de graves pénuries d’eau chaque année.
Le manque d’eau est une préoccupation majeure pour l’industrie viticole, en particulier dans les régions méditerranéennes qui sont déjà sujettes à la sécheresse. L’irrigation devient un élément essentiel pour maintenir la productivité et la rentabilité des vignobles.
La recherche montre que l’empreinte hydrique et l’empreinte carbone des vignobles irrigués doivent être évaluées conjointement pour comprendre pleinement les implications environnementales et la durabilité de la culture intensive de la vigne. En effet, les conditions climatiques saisonnières jouent un rôle crucial, affectant les pratiques agricoles et les intrants les plus influents sur ces indicateurs, tels que les besoins en eau des cultures, les volumes d’irrigation, l’énergie pour l’irrigation, la consommation de carburant et les taux de fertilisation en azote et en phosphore.
De plus, le changement climatique peut avoir un impact considérable sur les températures et les précipitations pendant la saison de croissance, entraînant des déficits hydriques de plus en plus graves qui affectent le rendement des fruits et leur composition. Les vignes stressées par le manque d’eau réduisent l’échange gazeux et la croissance du couvert végétal, ce qui conduit à des grappes plus exposées au soleil et donc plus chaudes, avec des baies plus petites, modifiant ainsi la composition du raisin.
Face à ces défis, il est essentiel d’adapter le matériel végétal pour faire face au stress hydrique, en ciblant des objectifs physiologiques optimaux pour un contrôle adéquat du statut hydrique des plantes. Cela nécessite une connaissance approfondie des impacts physiologiques de la sécheresse sur le rendement et la qualité, ainsi qu’une attention particulière aux mécanismes impliqués dans la régulation du statut hydrique des tissus végétaux.
En résumé, la gestion de l’eau et l’adaptation au changement climatique sont cruciales pour la durabilité à long terme de la viticulture, en particulier dans les régions chaudes et sèches. Les stratégies d’adaptation peuvent inclure la sélection de matériel végétal résistant à la sécheresse, l’amélioration des pratiques de gestion de l’eau et l’innovation dans les techniques d’irrigation pour optimiser l’utilisation de l’eau tout en minimisant l’impact environnemental.
Existe-t-il des variétés de raisin résistantes à la sécheresse?
Oui, il existe des variétés de raisins qui sont connues pour leur résistance à la sécheresse. Une étude de l’Université de Bordeaux et de l’INRAE a mesuré la résistance à la sécheresse de 30 variétés de raisin les plus cultivées dans le monde. Ils ont découvert que la vulnérabilité varie considérablement entre les variétés. Parmi les variétés mesurées, certaines variétés hybrides comme Floréal, Vidoc et Voltis semblent particulièrement vulnérables à la sécheresse.
D’autres sources mentionnent des variétés telles que Barbera, Cardinal, Emerald Riesling et Flame Seedless comme étant favorables pour les régions chaudes et sèches. De plus, des variétés comme Aglianico, Airen, Bobal, Calabrese, Trepat, Torrontes riojano, Malvasia di Sardegna et Zinfandel sont également citées pour leur utilisation dans des conditions très sèches.
Selon une autre étude, parmi les variétés traditionnelles, Ugni Blanc et Chardonnay sont parmi les plus vulnérables, tandis que Pinot Noir, Merlot et Cabernet Sauvignon sont parmi les plus résilients. Syrah, populaire dans la vallée du Rhône, et Sylvaner alsacien figurent également dans le tiers supérieur du classement.
Ces informations sont cruciales pour les viticulteurs qui cherchent à adapter leurs vignobles aux conditions climatiques changeantes et à la rareté de l’eau. La sélection de variétés résistantes à la sécheresse peut être une stratégie clé pour maintenir la production et la qualité du vin face aux défis posés par le changement climatique.
Des changements géographiques
Les régions viticoles se trouvent aujourd’hui au centre des zones tempérées, que ce soit dans l’hémisphère nord ou l’hémisphère sud. Si le changement climatique continue sa course effrénée, ces zones vont glisser d’un millier de kilomètres vers les pôles. De nouvelles régions vont devenir cultivables pendant que d’autres seront trop arides.
De plus en plus de pays situés à des latitudes plus élevées, tant dans l’hémisphère nord que dans l’hémisphère sud, qui se mettent à produire du vin sont une autre preuve des changements qui s’opèrent. L’Angleterre, par exemple, n’était pas considérée auparavant comme un pays à potentiel viticole. Pourtant, les exploitations viticoles ne cessent de se multiplier dans le pays. Le Danemark commence également à occuper le marché avec ses vignobles de la région du Jutland.
Les parasites et les maladies des plantes accentuent l’utilisation de pesticides
Avec la hausse des températures, les organismes nuisibles sont de plus en plus nombreux et se propagent dans de nouvelles zones. La prolifération des parasites et des maladies végétales a pour effet d’augmenter les besoins en pesticides. Des volumes plus importants de produits chimiques s’accumulent alors dans le sol et dans l’eau. Ce qui représente une menace considérable pour l’environnement et la santé.
les parasites et les maladies des plantes sont des facteurs significatifs qui augmentent l’utilisation de pesticides dans les vignobles. Les vignes sont susceptibles à un grand nombre de parasites fongiques et d’insectes qui peuvent causer des pertes économiques importantes, une réduction de la qualité et des caractéristiques sensorielles indésirables dans les vins.
La gestion des pesticides du vignoble au vin est un sujet complexe qui nécessite une attention particulière pour assurer la sécurité du vin et l’élimination des résidus de pesticides par des technologies émergentes. Les résidus de pesticides peuvent avoir des impacts sur les composés phénoliques et volatils, ce qui soulève des préoccupations en matière de santé humaine et de sécurité du vin.
En outre, le changement climatique affecte déjà la capacité de cultiver certaines espèces de raisin dans certaines régions et rend les plantes plus susceptibles aux parasites et au mildiou. Dans la région de la Moselle en Allemagne, célèbre pour son Riesling, cela a entraîné une augmentation de l’utilisation des pesticides pour lutter contre ces problèmes.
Face à ces défis, des techniques innovantes sont explorées pour remplacer l’utilisation de pesticides. Par exemple, perturber les techniques de reproduction des parasites peut être une alternative aux pesticides dans les vignobles, ce qui pourrait réduire l’impact environnemental des pesticides et les problèmes de santé humaine associés.
La gestion des parasites et des maladies est donc un aspect crucial de la viticulture durable, en particulier dans un contexte de changement climatique. La recherche financée par Wine Australia a permis de réaliser de nombreuses avancées dans la compréhension de l’étendue et le développement de stratégies de gestion pour les parasites et les maladies dans les vignobles australiens. Ces stratégies peuvent inclure la prévention, la détection précoce, le diagnostic, la surveillance, ainsi que des méthodes et des outils pour un contrôle direct et la gestion intégrée des parasites (IPM).
Il est essentiel de continuer à rechercher et à développer des méthodes de gestion des parasites et des maladies qui soient efficaces tout en étant respectueuses de l’environnement et de la santé humaine.